Course-poursuite en bétaillère à 40 km/h
Pendant une heure, plusieurs voitures et motos de gendarmes ont tenté de stopper un tracteur fou, entre Plaintel et Corlay (Côtes-d'Armor), après une foire aux poulains trop arrosée.
La foire aux poulains de Plaintel est un spectacle indémodable qui a attiré des milliers de visiteurs lundi. La buvette de la fête aussi attire toujours son monde, et la soirée s'agite un peu, parfois, comme l'a prouvé lundi soir cet éleveur de Saint-Martin-des-Prés, près de Corlay (Côtes-d'Armor).
17 h. Éleveurs et visiteurs quittent le bourg sous l'oeil des gendarmes de la brigade moto de Saint-Brieuc. Au volant de son tracteur, équipé d'une fourche à l'avant et attelé d'une bétaillère, dans laquelle il a rentré les six poulains qu'il n'a pu vendre, un éleveur de 45 ans prend la route de Corlay.
Les gendarmes contrôlent son taux d'alcoolémie : 2,30 grammes. Au lieu de se garer sur le bord, comme on lui demande, l'homme prend la fuite. Une course-poursuite s'engage à 40 kilomètres/heure. Les gendarmes motocyclistes reçoivent des renforts, de Loudéac, Quintin et Gouarec.
« J'aime pas les bleus ! »
Un militaire monte dans la bétaillère pour négocier. Voyant que c'était inutile, il saute au talus et se foule une cheville. Le conducteur du tracteur prend soin d'éviter tout dépassement. Il force plusieurs barrages, fonce sur un fourgon de gendarmerie et sur des motocyclistes qui tentent de l'intercepter.
L'ensemble agricole réussit même à faire demi-tour, avant être finalement immobilisé grâce au déploiement d'une herse, à Lanfains. Les roues du tracteur passent, pas celles de la remorque. L'homme tente de s'échapper à pied, en jurant « J'aime pas les bleus ! » Il est maîtrisé.
« Ce n'est pas très malin, non ? », demande le juge au prévenu, qui comparaissait hier au tribunal correctionnel. « Non », répond laconiquement l'éleveur, qui ne tenait qu'à une chose, ramener ses bêtes au bercail. Oubliant qu'il venait tout juste de récupérer son permis, après sept condamnations précédentes pour s'être déjà énervé dans les mêmes circonstances.
« C'est un danger public. Il a utilisé la fourche élévatrice comme une arme, interdisant aux gendarmes toute tentative d'interpellation ! », s'alarme le procureur, qui requiert deux ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve.
« Cet homme souffre depuis ses dix ans, personne n'a jamais demandé d'obligation de soins précédemment. Il faut l'aider », plaide son avocate. Le tribunal le condamne à un an de prison, dont six mois avec sursis, mise à l'épreuve pendant deux ans, obligation de se soigner, interdiction de repasser son permis avant 18 mois et 900 € d'amende.
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JB